Les Nouveaux Territoires Energétiques – Opportunités et nouveaux modèles d’affaires

Les nouveaux paradigmes de l’énergie

Jusqu’ici le Secteur de l’Energie avait pour caractéristique principale le fait d’être fortement centralisé : le « produit » est fabriqué et distribué par des acteurs de très grande taille (EDF, GDF Suez).

Le Secteur amorce une transformation majeure, avec l’arrivée de nouveaux acteurs. Les difficultés de démarrage de cette transformation explique en partie pourquoi les nombreuses conférences sur le sujet débouchent sur de belles intentions mais dont l’application se solde par des échecs.

En fait, on assiste à l’émergence d’un Nouveau Modèle, qui se différencie par des interventions locales, souvent menées par des strart-up et des nouveaux entrants. Ce nouveau modèle se manifeste notamment par le fait que chacun sera en mesure de stocker une part de l’énergie, de vendre son surplus et on prêtera attention à « allumer et éteindre la lumière » en fonction du besoin.

 

C’est une nouvelle révolution industrielle (la 6ème ?).

Elle est poussée par des tendances lourdes : forte augmentation de la demande, ressources de plus en plus rares, montée durable en conséquence des prix (que les gouvernements sont obligés de cautionner), importance du budget « énergie » dans celui des ménages (10 à 15 %), décarbonation.

Les enjeux de cette transformation sont tels qu’ils entraînent de nombreux facteurs concomitants : incitations publiques, besoins d’investissements massifs (des milliards €), participation de nouveaux entrants, partages des rôles, décentralisation.

 Tout cela réuni engendre de nouveaux écosystèmes énergétiques, dont en particulier « Smart ».

 

Le nouvel écosystème SMART

Le dénominateur commun de ce nouveau modèle est l’intelligence (d’où le terme smart) des éléments du système. La caractéristique « smart » intervient à de nombreux niveaux, les premier entrainant les suivants :    

 

- Smart metering. Il s’agit de faire évoluer le compteur installé dans les logements, lui donner une fonction « communicante » et valoriser les données qui peuvent en être obtenues. C’est la première pierre du nouveau système. Le démarrage est un peu difficile car ce sont les acteurs traditionnels qui interviennent et ils ne sont pas assez tournés versl’usage.


- Smart Home/building. C’est l’approche intelligente du logement, y compris les solutions pour le rendre efficace en termes de consommation énergétique. Ici il y a intervention de nouvelles entreprises. La « trajectoire » réalisée n’est pas encore très convaincante (initiatives de l’ADEME…). Il faut que les citoyens changent leurs comportements (nécessité de moyens et d’incitations).

 

- Smart Mobility. Ce sont les nouvelles formes de mobilité dont la plus visible est levéhicule électrique. Ces véhicules répondent à des besoins différents : il faut notamment mettre en place des infrastructures de charge (bornes). Du coup, on voit arriver de nouveaux acteurs (exemple Autolib à Paris). Ceux-ci doivent, en plus de l’implantation des bornes, organiser les processus de paiement et de réservation. C’est un vaste terrain d’innovation.

L’exemple de la Smart Mobility illustre les caractéristiques du nouvel Ecosystème :

Les projets sont risqués avec beaucoup d’incertitudes.

* Il y a une forte part de technologies nouvelles.

* Il y a une multiplicité d’acteurs.

* Les nouveaux secteurs se créent par le bas.

 

Le secteur amont des Compteurs Intelligents (Smart Metering) comporte des difficultés spécifiques :

* Importance des investissements.

* Questions de propriété.

* Aspects intrusifs.

 

Ce secteur illustre en même temps un facteur particulièrement intéressant : l’utilisation des données que fournit le Compteur. Les données représentent une part importante de la nouvelle chaîne de valeur. Elles permettent de confectionner des « packages » et de proposer des offres de services.


Les Villes du Futur (Smart City)

Le sujet est vaste et mérite que l’on y consacre un chapitre propre.

La Ville attire de plus en plus de citoyens dans le monde (70 % de la population en 2050). La Ville est en même temps « réseau électrique ». C’est dans cet environnement de la Ville que l’on observe de nombreuses évolutions sur le plan de l’innovation et d’une nouvelle économie. C’est ici que l’on travaille sur les Usages, par exemple, en termes de transport, le problème du « dernier km ».

Ainsi l’on peut observer de nombreux exemples d’initiatives au niveau de différentes villes :

 

* Utrecht (Pays Bas). Régulation de l’éclairage public, selon les heures de la journée mais aussi en fonction d’événements particuliers (match de football).   

 

* En Suède, mise en place dans chaque ville d’un médiateur d’énergie. L’un de ses rôles est de faciliter les comparaisons de consommation d’énergie (possibilité de se comparer aux autres).

* En Corée du Sud, nombreuses innovations dans les villes avec beaucoup de technologies nouvelles.

 

Enfin, c’est dans les villes que s’installe en priorité le « Smart Grid », c’est-à- dire un réseau électrique bidirectionnel permettant au consommateur d’acheter et de vendre des kwh.

 

L’innovation dans des chaînes de valeur mixtes

On assiste à la mise en action de nouvelles chaînes d’innovations et de nouvelles chaînes de valeur.

Les acteurs traditionnels (Utilities) interagissent avec une foule de nouveaux acteurs/entreprises (opérateurs télécommunications, Clean Techs (souvent des start-up), constructeurs, fournisseurs de contenus et de services, spécialistes des TIC) mais aussi avec les collectivités locales.

Phénomène important : on passe d’une logique de produit à une logique d’usage.Exemple : Schneider Electric ne vend plus de compteurs mais des « services d’efficacité énergétique ». Ici encore, il faut souligner l’importance de l’accès aux données.

 

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L’économie de la fonctionnalité est au cœur de ces nouveaux business models. La valeur qui doit être captée est le plus souvent de la valeur d’usage. Les premiers à adopter cette nouvelle approche ont été Xerox (vente de copies imprimées et non de copieur), Michelin (vente de kms roulés et non de pneus). Les entreprises des métiers de l’informatique facturent de plus en plus du service (c'est-à-dire de l’usage).

 

Prise en compte de la transition énergétique par les Entreprises

Les entreprises doivent, pour s’en sortir, s’inscrire dans cette transition énergétique dans laquelle on passe d’une énergie longtemps bon marché, à une énergie de plus en plus chère. Cela passe par un changement du mix énergétique. Ceci donne naissance à des activités nouvelles : les effacements industriels. Des entreprises proposent des solutions d’adaptation de process et, ensuite, s’occupent de la mise en place des échanges.

 

On assiste également à la naissance de nouvelles fonctions dans l’entreprise, notamment la fonction d’Energie Manager, dont la mission est d’adapter les processus de l’entreprise à l’évolution des tarifs d’énergie.